Captif des sables - Chapitre 2

Captif des sables

Chapitre 02


Je me retournai aussitôt, presque bondissant, lorsque je sentis les lèvres de Josh se poser sur ma nuque pour y déposer un baiser. Le salaud. Que cherchait-il à obtenir exactement ? À m’humilier ? C’était quasiment chose faite. Sérieusement, oser agir de la sorte au milieu d’un parking ! Il avait vraiment l’intention de m’attirer des ennuis. N’importe qui aurait pu débarquer et assister à la scène ! Cette idée me terrifia.
On pouvait lire sur mon visage un mélange d’effarement, d’agacement, de crainte et aussi...
— Matt, juste une dernière fois. Je sais que tu veux la même chose, toi aussi.
L’envie, oui. Une envie coupable qui prenait naissance au niveau de mon entrejambe et incendiait littéralement mon bas-ventre.
Au moment où Josh murmura cette proposition indécente à mon oreille, dans un souffle, le rouge me monta aussitôt aux joues.
Joshua Gray avait pris conscience depuis longtemps de l’effet qu’il produisait sur moi. Je me retrouvai donc sans défense face à l’ennemi.
Une dernière fois, hein ? La bonne blague. Je le connaissais assez bien pour savoir qu’il voudrait toujours plus. Mais la tension accumulée ces derniers jours, liée à mes préoccupations vis-à-vis de la mission à venir, ou à l’absence de distractions entre hommes depuis plusieurs mois, me poussaient à tomber lamentablement dans ses filets. J’étais en manque. Terriblement. Et faire régulièrement l’amour avec Vicky n’y changeait rien. Ce constat m’effraya. Je n’étais pas gay – du moins je le croyais, je voulais le croire – toutefois à cet instant précis, celui où Josh posa ses mains sur moi, je ne voulais pas y penser. Je voulais être libre et oublier. Simplement oublier.
Je soupirai profondément. L’enfoiré. Il m’avait définitivement fait baisser ma garde.
— OK, mais pas ici.
Ce fut la seule chose que je pus dire.
Après, tout s’enchaîna très vite, trop vite pour ma conscience. Je montai dans la voiture avec Josh et me retrouvais une vingtaine de minutes plus tard devant l’entrée d’un bar gay excentré des artères passantes : le Delicious.
Nom de Dieu, qu’est-ce qui m’avait poussé à venir dans un endroit pareil ? Je craignais malheureusement de connaître la réponse. Plus possible de songer à faire demi-tour.
Je décidai de me poser au bar, histoire de détendre mes nerfs avec un verre ou deux.
— Salut Kyle, mets-nous deux tequilas s'te plaît, dit Joshua au barman.
À l’évidence, ces deux-là se connaissaient bien.
Nous descendîmes nos boissons cul sec et réitérions ce geste cinq fois, ou peut-être davantage. Si au début je m’étais senti gêné, autant dire que maintenant je m’en foutais. Puisqu’il payait la tournée, autant profiter, non ?
Imbibé de tequila, je me retrouvai bien vite sur la piste de danse, entraîné dans un collé-serré endiablé avec lui.
J’aurais dû me rendre compte des risques, voir le feu rouge criard qui clignotait avec insistance, ou le panneau Attention danger qui, pour peu, aurait flotté au-dessus de la tête de Josh. Sauf que non, je me jetai quand même dans la gueule du loup, ignorant volontiers ce signal brandi par ma bonne conscience.
J’enlaçai instinctivement sa taille fine, bien que ferme. La paume de Joshua glissa derrière ma nuque, puis alla se perdre à la limite de ma chute de reins. Déjà bien allumés par l’alcool qui courait dans nos veines, nous nous laissions porter par un rythme latino chaud et sensuel.
Torse contre torse, bassin contre bassin, nous étions comme envahis par un désir profond de nous sentir proches l’un de l’autre. Vers la fin de la musique, ne tenant plus, Joshua m’entraîna vers les toilettes et ne prit même pas la peine d’y entrer avant de m’embrasser.
Si j’avais été en pleine possession de mes moyens, j’aurais trouvé notre comportement gênant, déplacé et je lui aurais probablement collé mon poing dans la figure avant de me barrer. Toutefois là, mon corps était comme paralysé. Mes mouvements n’étaient guidés que par l’instinct, par des pulsions primitives. J’avais envie de contacts physiques, ou plutôt de baise, de Joshua et de tout à la fois. Je ne pensais qu’à prendre possession de son corps. Pour résumer, ce n’était plus moi qui pensais, mais la colonne de chair à demi-érigée nichée dans mon boxer qui avait pris le contrôle de mon cerveau. Lamentable.
Josh souriait, d’un sourire qui transpirait la luxure. Il sortit de la poche de son jean une minuscule bouteille d’alcool, l’ouvrit rapidement et but une gorgée, avant de sceller à nouveau nos lèvres. Sa langue captura la mienne, lentement, sensuellement. Elle me fouilla avec application, et le goût de l’alcool fort se répandit dans ma bouche. Je répondis presque sauvagement à son baiser, et m’emparai de ses fesses fermes et musclées à travers le tissu rugueux de son jean.
À force d’échanger de torrides baisers, avec nos bassins étroitement collés l’un à l’autre, son érection se dressa bientôt contre la mienne. Un léger soupir m’échappa, et se perdit contre ses lèvres chaudes et tendres.
Je ne pouvais nier que je voulais plus. Beaucoup plus.
— Eh ben, t’es déjà dur, bébé, commenta-t-il, avant de palper mon entrejambe sans la moindre gêne.
— Ta gueule... murmurai-je, bien qu’appréciant tout de même le contact.
Et voilà qu’en l’espace de dix minutes, je me retrouvais cloîtré dans la promiscuité d’une cabine, avec mon ex-amant qui me gratifiait d’une pipe en bonne et due forme.
Josh s’affairait sur toute la longueur de ma hampe, faisant gonfler encore davantage mon désir. Instinctivement, je m’attardai dans ses cheveux châtains si agréables au toucher et renforçai ma prise. Il ne lui fallut rien d’autre pour comprendre ma demande tacite et il me prit alors entièrement dans sa bouche.
Debout dans cette misérable cabine de toilettes avec Joshua agenouillé devant moi qui me suçait avec application, je ne pus retenir un râle rauque typiquement masculin au moment où sa langue s’enroula autour de mon gland.
Le cadre n’avait rien d’idyllique, au contraire, mais ça n’avait aucune importance. L’alcool et le désir embrumaient mes pensées, j’allais simplement à l’essentiel, à savoir l’assouvissement de mon besoin primaire.
Tandis qu’il continuait ses agréables va-et-vient, Joshua ajouta sa main afin de me prodiguer de sensuelles caresses au niveau des cuisses, avant de remonter jusqu’à mon aine et de tracer les contours de mon petit tatouage en forme de scorpion, le tout dans une démarche des plus érotiques.
Je reportai sur lui un regard enflammé, attendant de voir comment il comptait poursuivre. Josh m’adressa un petit sourire aussi sexy que malicieux, et ses doigts allèrent à la rencontre de mes testicules.
— Hn !
Un nouveau soupir m’échappa. Je rejetai la tête vers l’arrière et commençai à donner quelques coups de reins, ondulant au rythme de la langue de Josh sur ma queue. Bon sang ! S’il continuait à me gratifier de telles attentions, je ne tiendrais pas très longtemps.
Je m’écartai alors de lui, le laissant momentanément dans la surprise et l’incompréhension, toutefois je pris très vite les devants.
— Tourne-toi, lui ordonnai-je fermement.
Ce qu’il fit sans chercher à protester.
Lorsque Josh fut dos à moi, appuyé contre les parois de la cabine, je me collai contre lui, ayant décidé qu’il était temps que lui aussi finisse à poil.
Je palpai sensuellement ses hanches et le sentis se cambrer contre moi, ou plus exactement contre ma queue. Je soulevai ensuite le bas de son T-shirt et il leva les bras afin de me faciliter la tâche.
J’en profitai pour toucher son torse, ses abdominaux légèrement saillants, son nombril, ainsi que la ligne de poils clairs qui traçait un chemin vers un point stratégique de son anatomie.
Je m’efforçais de réfréner mon impatience grandissante, mais je n’y parviendrais pas ce soir.
Sans perdre davantage de temps, je défis sa ceinture, ouvris son pantalon – qu’il s’empressa d’abaisser, de même que son boxer – et me saisis du Saint Graal, dur, chaud et palpitant.
Des gouttes perlaient déjà à l’extrémité du gland et au fil de mes caresses, j’enduisis bientôt la totalité de son sexe. Ma main le prit en étau et mes mouvements se firent vifs, sauvages, virils. C’était presque animal.
Josh poussait des gémissements que j’étouffais, l’embrassant profondément. Il murmura un Prends-moi lascif qui fit battre le sang dans mes veines. Il ne me fallut pas plus pour passer à l’acte.
Profitant de son humidité naturelle, je me contentai d’y ajouter un peu de salive afin de le préparer à me recevoir.
J’insérai tout d’abord un doigt dans son intimité, réfrénant les pulsions qui m’encourageaient à le prendre sans plus de cérémonie. Josh se cambra, mais ne mit pas longtemps à se détendre. J’y joignis un second et fis quelques mouvements, afin de le dilater. Le devinant prêt, je les retirai et les remplaçai aussitôt par ce que Joshua et moi attendions par-dessus tout. Il soupira lorsqu’il perçut mon émoi contre sa croupe et bientôt, mon gland prit place entre ses chairs si accueillantes.
La sensation de bien-être et de plaisir qui m’envahit était tout bonnement indescriptible. Des mois de frustrations soudain envolées, balayées au simple contact du corps de cet homme.
Je me haïssais, me dégoûtais autant que je prenais mon pied. Curieux mélange.
Le tenant par les hanches, je finis par le pilonner sauvagement, n’écoutant que le démon, le dépravé qui répondait à l’appel de la luxure, ce qui toutefois n’avait pas l’air de déplaire à Josh, bien au contraire.
Une main toujours appuyée contre la paroi, et l’autre cherchant désespérément à agripper ma peau, Joshua, avec la respiration saccadée, soupirait et gémissait de façon quasi ininterrompue. Nous étions tous deux proches de la rupture et mes râles de plaisir devenaient difficilement répressibles.
Nos corps étaient couverts de sueur. Nos peaux claquaient sous mes coups de reins et mes doigts étaient toujours solidement cramponnés aux hanches du bel Apollon qui me faisait perdre la raison.
J’étais sur le point de venir d’un instant à l’autre et avant que cela n’arrive, je voulus intensifier davantage notre échange. Je me collai donc totalement à Josh – sans pour autant cesser mes va-et-vient – glissai fiévreusement mes paumes le long de son torse et saisis son membre fièrement dressé. À cela, s’ajoutèrent mes lèvres, qui se mirent à dévorer sa nuque offerte de baisers incendiaires.
— Hn... Matt... ! gémit Joshua, juste avant d’être emporté par un orgasme surpuissant.
Son intimité se contracta vivement autour de mon membre, me procurant une délicieuse sensation d’étroitesse, qui me poussa à venir presque à sa suite.
Nous restâmes tous deux silencieux, collés l’un contre l’autre, haletants, tentant de reprendre nos esprits. Combien de temps restai-je ainsi ? Aucune idée. Cela sembla durer une éternité avant que les brumes de nos ébats ne se dissipent et que je puisse enfin revenir un tant soit peu à la réalité. Je m’écartai donc de Joshua, les jambes tremblantes et le corps totalement vidé, exténué.
Celui-ci m’adressa un petit sourire mi-satisfait mi-amusé, avant de ramasser ses vêtements sur le carrelage terne et crasseux des toilettes, ce qui me rappela d’autant plus amèrement l’endroit où nous nous trouvions. Nous venions de baiser dans la cabine des chiottes d’une boîte gay. Je me frottai le visage. L’alcool contenu dans mon sang, lui, ne s’était pas dissipé, loin de là. Bordel, j’étais complètement torché.
Une fois rhabillé, Josh se mit à sourire davantage, face à la mine déconfite que j’affichais. Il ramassa mes vêtements et me les tendit, avant d’effleurer ma joue avec une certaine... tendresse ?
— Eh ben alors, bel étalon, c’était si mauvais ? plaisanta-t-il.
Je remis difficilement mes fringues, manquant de trébucher à de nombreuses reprises en enfilant mon pantalon. Et lorsque je fus à nouveau présentable, nous quittâmes enfin ce lieu de perdition.
Nous rejoignîmes la rue attenante au club, dans laquelle j’avais garé ma voiture, mais au moment de sortir les clés de ma poche, il m’empoigna.
— Je crois pas que tu sois apte à conduire, Matt. Il vaudrait mieux que ce soit moi qui prenne le volant, dit-il, avant de me subtiliser mon trousseau.
Je voulus protester, même si je n’avais au fond pas le courage et encore moins la force de lutter. Je pris donc place du côté passager et Josh prit le volant. Le trajet jusque chez moi se déroula dans un parfait silence. Joshua essaya d’engager la conversation. Il voulut reparler de ce que nous avions fait et de notre avenir amoureux, cependant je coupai court à toute tentative. Je commençais à retrouver mes esprits et la culpabilité s’insinua dans mon cerveau comme une bête fauve, à mesure que nous approchions de mon immeuble.
Arrivés à destination, Josh sortit du véhicule et me rendit les clés. Quant à moi, je le remerciai de m’avoir ramené chez moi. Néanmoins, une considération pratique me sauta à l’esprit :
— Mais... Et toi ? Comment tu vas rentrer chez toi ?
— Ben, à pied, répondit-il avec le sourire.
— À cette heure-ci ?! C'est pas prudent. Et puis t’habites pas la porte à côté...
J’avais perdu la notion du temps au cours de la soirée. D’après l’épais manteau noir qui enveloppait le ciel, il était très tard.
Joshua s’avança vers moi, sans perdre son petit rictus taquin et l’espace d’un instant, je crus bien qu’il tenterait de m’embrasser, toutefois il se ravisa.
— Tu t’inquiètes pour moi ? Non pas que ça me déplaise, mais rassure-toi, je suis loin d’avoir le profil d’une demoiselle en détresse. Ça me fera du bien de marcher. Maintenant, retourne chez toi. On se verra demain matin. Bonne nuit.
Josh s’éloigna dans l’allée, la capuche de son gilet remontée sur la tête et les mains dans les poches. Quant à moi, je pris le chemin de l’immeuble et pénétrai dans le hall. Trop crevé pour emprunter les escaliers, je décidai d’utiliser l’ascenseur. Plus rapide. Là, j’arrivai devant la porte d’entrée. Le numéro 214. Je tournai la clé dans la serrure, priant pour que Vicky soit déjà endormie. Pourtant, lorsque je me rendis au salon pour déposer ma veste et mes affaires, la réalité me percuta soudain de plein fouet, au moment précis où je vis Victoria face à moi, la colère au fond des yeux. Ce que je redoutais arriva. Elle explosa littéralement, se fichant bien des voisins endormis.
— Putain de merde ! Où t’étais ?! hurla-t-elle.
Et sans me laisser le temps de répondre, elle poursuivit, attaquant avec férocité.
— J’ai essayé de t’appeler je ne sais combien de fois, mais t’as même pas été foutu de décrocher ton putain de téléphone et de me répondre ! Tu m’avais promis que tu serais là à dix-neuf heures au plus tard et résultat : il est minuit et demi, Matt ! J’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose, que tu avais eu un accident ou je ne sais quoi ! J’ai même téléphoné à Chris et Marcus qui m’ont dit que tu étais parti à dix-huit heures trente ! Alors maintenant, je veux que tu me dises où tu étais ! Et ne me raconte pas de bobards !
— Chérie, je suis désolé...
Je cherchais à me justifier, mais je ne savais que dire. Décemment, je ne pouvais pas lui balancer : Eh bébé, tu sais, j’étais avec Josh dans une boîte gay et on s’est envoyés en l’air dans les chiottes, c’était le pied ! C’était tout bonnement exclu. Alors je devrais mentir, trouver une excuse et vite. Seulement à une heure pareille et avec plusieurs verres de tequila dans le nez, je l’avouais volontiers, mon cerveau tournait au ralenti.
— Tu pues l’alcool et la clope ! T’étais avec une autre nana, c’est ça ?! Tu fais chier, Matt ! Tu fais vraiment chier...
Vicky essaya de me frapper, sauf que sa colère se mua en une profonde tristesse et elle se mit à pleurer. Sa détresse me fit mal. C’était ma faute. Je tentai tout de même de l’apaiser. Au moins autant que possible.
— Je te jure que je n’étais pas avec une autre nana, Vick. Y a que toi. J’ai juste bu un verre avec d’anciens potes. Ils voulaient me dire au revoir. J'ai pas vu l’heure passer, excuse-moi, bébé.
Malgré sa profonde déception, Victoria accepta ce mensonge, me croyant sincère. Je la pris dans mes bras, dans un geste d’apaisement. Elle finit par sécher ses larmes, au bout de quelques longues minutes.
— Tu sais, je comprends que tu aies voulu passer un moment avec tes potes, mais tu aurais au moins pu penser à moi et au dîner que tu m’avais promis, dit-elle avec amertume.
Merde ! Le dîner chez Franky's ! Voilà encore une chose qui m’était totalement sortie de l’esprit et qui accentua mon sentiment de culpabilité.
— Vicky, je...
— Laisse tomber. Moi, je vais me coucher. Et toi, prends une douche avant d’aller au lit. Je supporte pas cette odeur. Ah ! et ne me réveille pas demain matin.
Sa dernière remarque me percuta de plein fouet.
— Tu viendras pas me dire au revoir ?
— Je crois pas que tu en aies besoin.
Je commençai à retirer mes vêtements, m’apprêtant à rejoindre la salle de bain, quand la colère me prit et je haussai le ton, moi aussi.
— Alors quoi ? Je pars six semaines, et toi tu viens même pas me dire au revoir ?! Si tu veux qu’on reste fâchés tout ce temps, parfait ! À toi de voir !
Je mis un terme à cette dispute qui me prenait la tête en allant m’enfermer dans la salle de bain, non sans avoir claqué la porte. Vicky claqua celle de notre chambre derrière elle, puis ce fut le silence complet, profond. Un silence cuisant. Le genre de silence qui blessait.
 

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